Alors que l’ambassadeur du Canada en Corée, Michael Danagher, était en voie de terminer son mandat, le Bureau du Québec à Séoul (BQSé) s’est entretenu avec lui pour discuter de son parcours et le remercier pour sa contribution unique au renforcement des relations entre le Canada et la Corée.
M. Danagher, parlez-nous de votre rôle en tant qu’ambassadeur.
Outre mon rôle de représenter le Canada dans ses relations avec la Corée, il m’incombe également de présenter aux Canadiens les perceptives coréennes ainsi que les changements sociaux et politiques en Corée.
Mon rôle est aussi de soutenir les différents départements d’Affaires mondiales Canada représentés en Corée ainsi que les organisations et les agences présentes à l’ambassade comme la défense nationale, l’agriculture, l’immigration, ainsi que trois provinces qui y ont leur bureau. Je dirige une équipe de 65 employés.
Vous avez effectué trois mandats à Séoul et avez passé 11 ans en Corée du Sud au cours de votre carrière ; la Corée a-t-elle beaucoup changé depuis votre première affectation?
Au cours de l’histoire moderne, la Corée est passée de pays parmi les plus pauvres de la planète à celui d’une économie très développée. Rappelons que dans les années 90 — ma première affectation en Corée remonte en 1993 —, le pays était encore une jeune démocratie. Aujourd’hui, il y a un gros changement de perspective sur le plan social ainsi qu’en termes de diplomatie et d’ouverture sur le monde.
Comment la diplomatie canadienne a-t-elle évolué au cours des dernières années en Asie et en Corée plus particulièrement?
Le gouvernement du Canada reconnaît l’importance grandissante de l’Asie, pas seulement sur le plan des échanges commerciaux ou de l’immigration, mais aussi dans une perspective de collaboration sur des enjeux globaux comme la lutte contre les changements climatiques.
La Corée représente une des démocraties les plus dynamiques en Asie et souhaite jouer un rôle plus important sur la scène internationale, notamment en matière de sécurité régionale ou de traitement des réfugiés.
Un des changements importants survenus au cours des années 2000 a été l’établissement de relations diplomatiques avec la Corée du Nord. Bien que le Canada n’ait pas de présence diplomatique à Pyongyang, il souhaite faire partie de la solution vers une dénucléarisation de la péninsule.
La signature de l’Accord de libre-échange Canada-Corée (ALECC) en 2014 a marqué une autre étape très importante de nos relations. Il constitue le premier accord de libre-échange pour le Canada en Asie. Aujourd’hui, le Canada exporte davantage en Corée qu’en France ou en Italie.
Comment voyez-vous le rôle des provinces canadiennes dans la relation Canada-Corée?
Je me réjouis de la présence et de l’effort investi par les provinces en Corée! En ayant leurs propres ressources et leurs réseaux de contacts, elles augmentent les capacités d’action du Canada en Corée. Bien que chaque province ait ses priorités et mandats, il faut être prêts à collaborer et à travailler sur des objectifs communs.
Avez-vous un conseil à donner au Québec sur sa présence en Corée et sur le développement de ses relations?
Le plus important c’est d’avoir une présence permanente ici et le Québec célèbre cette année ses 30 ans en Corée. Ce n’est pas rien!
En termes de valeurs, le Québec et la Corée partagent plusieurs points en commun, par exemple en éducation et sur des enjeux sociétaux comme la présence des femmes en société. Il importe de continuer à bâtir cette relation entre le Québec et la Corée.
Je suis très heureux d’apprendre que le Québec lancera sous peu sa stratégie territoriale pour l’Indo-Pacifique. Le Québec s’est beaucoup investi dans ses relations avec la Corée.
Et que diriez-vous aux entreprises québécoises souhaitant faire affaire en Corée?
C’est possible pour les PME de faire affaire ici. Les clients du Service des délégués commerciaux sont principalement des PME et il y a plusieurs bons exemples de réussites. C’est un marché de plus en plus accessible, notamment avec l’ALECC.
Quelles sont vos réalisations dont vous êtes le plus fier?
Lors de mon premier mandat, j’ai été très impliqué dans le programme touristique. Les touristes coréens au Canada représentaient environ 40 000 personnes au début des années 1990. En 1996, ce chiffre avait augmenté à 160 000, grâce entre autres à l’abolition du visa et à l’établissement de liaisons aériennes directes.
Lors de mon deuxième mandat, j’ai été impliqué dans les négociations et le développement de certains secteurs d’activité sur le marché coréen comme l’accès au bœuf canadien. Ces négociations représentent les balbutiements de l’accord de libre-échange.
Je suis également fier de la manière dont notre équipe a répondu à la pandémie de COVID-19. Bien qu’il ait été difficile de voir de grands développements dans nos dossiers en raison de cette crise sanitaire, nous nous sommes adaptés et nous avons, par exemple, organisé en novembre 2020, la première mission officielle virtuelle canadienne en Corée qui a été menée par la ministre de la Petite Entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international. Aussi, nous avons réussi à célébrer le 70e anniversaire de la bataille de Kapyong et à démontrer l’importance des efforts du Canada pour sauvegarder la jeune démocratie de la Corée.