Alors que les rassemblements posent des risques pour la santé publique, quels ont été les changements apportés dans le monde des arts pour s’adapter à cette nouvelle réalité? Le symposium « Watch This Space: A Symposium on Art in Public Space » a permis d’exposer plusieurs initiatives permettant de répondre à cette question. La Délégation du Québec à Chicago (DQC) a participé à cette conférence en organisant le panel « International Neighbors: Public Arts Pivots Throughout North America» le 21 septembre 2020 auquel participait trois organisations venant du Québec, des États-Unis, et du Mexique.
Le Quartier des spectacles de Montréal était représenté par Guillaume Aniorté, alors que Agustín Servin du Festival de Mayo de Guadalajara intervenait en direct du Mexique. Du côté américain, Augusta Morrison et Kesiena Wanhogo représentaient Sidewalk Detroit et le panel était modéré par Adam DesJardins de CultureSource (Detroit) et Netanel Portier de Mural Arts Institute de Philadelphie. La Déléguée du Québec à Chicago, Martine Hébert, a fait le mot d’introduction alors que Kerith Brand, attachée aux affaires publiques et gouvernementales à la DQC, a été au cœur de l’organisation de cette activité.
Ces représentants ont eu l’occasion de présenter leurs organisations, leurs engagements, leurs valeurs clés, et aussi comment ils ont réussi à maintenir ces engagements pendant cette crise sanitaire mondiale. L’équipe de Sidewalk Detroit a parlé de la réactivation des espaces publics et du besoin d’imaginer des nouveaux moyens afin d’interagir avec les communautés locales. L’équipe a donc organisé une série des concerts ambulants, qui ont voyagé dans plusieurs quartiers résidentiels à Detroit et dans lesquels les membres des communautés assistaient aux concerts de leurs vérandas. Kesiena Wanhogo a attribué une partie du succès de cet évènement à une culture des vérandas qui existe déjà à Détroit. Elle a partagé aussi que l’équipe pense à continuer la résidence artistique virtuelle et les concerts mobiles, même après la pandémie, car ces adaptations ont permis aux artistes et à l’organisation d’accroître leur rayonnement.
Agustín Severín a mentionné que son équipe a pu ré-imaginer le Festival de Mayo, qui, historiquement, engageait plusieurs artistes internationales et plusieurs lieux de performance. Pour le festival d’août 2020, le festival de Mayo a collaboré avec plusieurs artistes pour digitaliser leurs performances afin de les diffuser à l’audience. M. Severín a souligné l’importance du développement des relations et des collaborations de qualité avec les artistes.
Guillaume Aniorté a mentionné le succès des évènements pop-ups qui ont été annoncés sans beaucoup de détails afin de garder un esprit de spontanéité et une promesse aux membres de la communauté qu’il y aurait toujours quelque chose de spécial à venir. M. Aniorté a souligné l’adaptabilité et l’agilité comme deux pratiques essentiels à adopter dans le monde actuel. Avec les recommandations de santé publique qui sont toujours en évolution, les organisations artistiques devraient également évoluer selon ces changements étant donné qu’un plan de la semaine dernière risque de ne plus fonctionner la semaine suivante. Quartier des Spectacles a modifié son approche plusieurs fois, pour s’adapter aux contraintes, avec les évènements spontanés, les jeux géants, les terrasses éphémères, et les films en plein air pour réanimer une communauté, tout en assurant la sécurité de tous ceux qui y ont participé.
Malgré tous les défis et pertes de cette pandémie, Augusta Morrison a noté que l’espace virtuel ouvre un champ des possibilités en ce qui concerne la portée potentielle de n’importe quel événement. M. Aniorté a insisté que les collaborations entre les organisations et avec des partenaires internationaux sont essentiels. Il précisait qu’il ne faut pas rester isolé, qu’il faut toujours chercher des moyens à créer des nouveaux liens entre des gens, des organismes, et des communautés locales et globales, même après cette crise. Kerith Brand a travaillé avec l’équipe de la Délégation générale du Québec à Mexico à la recherche d’un présentateur, en illustrant parfaitement ce genre de collaboration et de partage international. À la fin du panel, Adam DesJardins a partagé que 93% des personnes présentes au panel souhaitent assister à une expérience artistique à court terme ce qui suggère un vrai besoin de ces expériences et évènements innovateurs et créatifs. Il y a une solidarité certaine quand on se rappelle qu’on est tous affectés, globalement, par la crise actuelle, et que nous cherchons tous des rappels d’humanité en ces temps difficiles afin de nous nous ouvrir au monde.